Jo Spiegel, qui était présent à l’Assemblée Générale de
Parvis à Strasbourg, vient de publier un livre aux Editions Temps Présent
« Et
si on prenait enfin les électeurs au sérieux »
Maire de
Kingersheim (Haut-Rhin), Jo Spiegel refusa en 2014 la Légion d’honneur, pour
dénoncer « une démocratie en panne ». En 2015, il a rendu sa carte du PS,
devenu selon lui une « officine de conquête du pouvoir ». Comme beaucoup de
Français, Jo Spiegel est un citoyen en colère, déçu par le manque de courage de
la classe politique. D’autant qu’à son échelle, celle d’une ville située dans
la banlieue de Mulhouse, il a prouvé depuis longtemps que l’on pouvait agir.
Ancien
athlète de haut niveau, c’est à force d’endurance et de volonté qu’il s’est
fait le champion de la démocratie participative. Dans sa commune, il a soumis
tous les projets à la concertation et au vote d’un panel d’habitants, instauré
le tirage au sort, délocalisé le conseil municipal dans une Maison de la
citoyenneté, rencontré tous les foyers en porte-à-porte, etc. En 2014, il a été
réélu au premier tour avec près de 60 % des voix.
Dans ce livre
d’entretien, il raconte son parcours d’élu atypique, et fait sa part
d’autocritique : il confie avoir connu le goût du pouvoir et reconnaît des
défaites, comme le taux d’abstention ou le score du FN qu’il n’a pas su faire
baisser.
Enfin, Jo
Spiegel confie dans ces pages étonnantes qu’il nourrit sa politique de lectures
philosophiques (Hannah Arendt, Paul Ricoeur) et d’une quête de spiritualité.
Lui qui fait chaque année des retraites en monastère pour se ressourcer est un
combattant acharné des dérives obscurantistes. Il appelle à redonner tout son
sens à la belle expression, souvent galvaudée, de « vivre-ensemble ».
Le coup de
gueule d'un défenseur de la démocratie participative. À lire absolument !
EXTRAIT
Les électeurs
attendent l’alternative, ils ne récoltent que l’alternance.
Les
changements sont essentiellement sémantiques. D’où le désenchantement, le rejet
et la défiance à l’égard de ceux qui ont des responsabilités !
Comment
peut-il en être autrement quand, pour gagner les élections, on applique les
mêmes ingrédients que pour le marketing commercial :
- La
séduction, alors qu’il serait urgent de parler vrai. Mais les électeurs
sont-ils en capacité, dans un pays passé maître dans l’addition des
corporatismes, d’entendre la vérité ?
- La
caricature, alors que notre société est marquée par la complexité. Mais se
donne-t-on le temps et les moyens d’aller au fond des sujets ?
- La posture,
qui fait que l’on s’oppose quand on est dans l’opposition, et que l’on est
persuadé d’avoir toujours raison quand on est dans la majorité.
Quel
spectacle indigne que le débat politique dans notre pays !
À PROPOS DE
L'AUTEUR
Ancien
professeur de sport et champion d'Alsace de 800 mètres, Jo Spiegel est maire de
Kingersheim (Haut-Rhin) depuis 1989. Il a été conseiller régional (1986 - 1998)
et conseiller général (1988 - 2008). Sa commune est devenue un laboratoire réputé
de démocratie participative.
Voici les
liens pour 2 émissions de radio sur RCF où il a été interviewé sur ce livre et
son engagement politique