Les
temps que nous venons de traverser, et qui sont loin d’être révolus sans doute,
ont réveillé beaucoup de fantasmes archaïques : celui de nos peurs, bien sûr,
mais aussi celui de la « religion » (sinon parfois de la religiosité) qui
cherche à les exorciser. La chosification récurrente et endémique de
l’Eucharistie a deux corollaires. Le premier est le consumérisme sacramentel. L’on
se met alors à réclamer le sacrement comme un droit
Moins
immédiat, peut-être, à se révéler comme tel, mais non moins grave, le second
corollaire de la chosification de l’Eucharistie, ou sa seconde conséquence, est
le cléricalisme. Le prêtre s’impose comme le « sacrificateur » attitré qui «
fabrique », qui « confectionne » l’Eucharistie, qui a autorité sur elle, sur
Dieu même, qui l’administre, qui la possède, avec la tentation trop évidente
d’en confisquer la possession, avec le prestige personnel qui s’attache à son «
pouvoir » (il faudrait évoquer ici la focalisation quasi magique sur les
paroles de la consécration, si préjudiciable à l’équilibre de la théologie
eucharistique)
Prêtre
fabriqué comme sacré par les instituts de formation cléricale, se fabriquant
lui-même comme sacré dans la représentation qu’il a de lui-même, et fabricant
de sacré aux yeux de trop de chrétiens qui en restent à une religion
préchrétienne, voire non chrétienne