mardi 31 janvier 2017

Jo Spiegel Et si on prenait enfin les électeurs au sérieux

Jo Spiegel, qui était présent à l’Assemblée Générale de Parvis à Strasbourg, vient de publier un livre aux Editions Temps Présent « Et si on prenait enfin les électeurs au sérieux »
Maire de Kingersheim (Haut-Rhin), Jo Spiegel refusa en 2014 la Légion d’honneur, pour dénoncer « une démocratie en panne ». En 2015, il a rendu sa carte du PS, devenu selon lui une « officine de conquête du pouvoir ». Comme beaucoup de Français, Jo Spiegel est un citoyen en colère, déçu par le manque de courage de la classe politique. D’autant qu’à son échelle, celle d’une ville située dans la banlieue de Mulhouse, il a prouvé depuis longtemps que l’on pouvait agir.
Ancien athlète de haut niveau, c’est à force d’endurance et de volonté qu’il s’est fait le champion de la démocratie participative. Dans sa commune, il a soumis tous les projets à la concertation et au vote d’un panel d’habitants, instauré le tirage au sort, délocalisé le conseil municipal dans une Maison de la citoyenneté, rencontré tous les foyers en porte-à-porte, etc. En 2014, il a été réélu au premier tour avec près de 60 % des voix.
Dans ce livre d’entretien, il raconte son parcours d’élu atypique, et fait sa part d’autocritique : il confie avoir connu le goût du pouvoir et reconnaît des défaites, comme le taux d’abstention ou le score du FN qu’il n’a pas su faire baisser.
Enfin, Jo Spiegel confie dans ces pages étonnantes qu’il nourrit sa politique de lectures philosophiques (Hannah Arendt, Paul Ricoeur) et d’une quête de spiritualité. Lui qui fait chaque année des retraites en monastère pour se ressourcer est un combattant acharné des dérives obscurantistes. Il appelle à redonner tout son sens à la belle expression, souvent galvaudée, de « vivre-ensemble ».
Le coup de gueule d'un défenseur de la démocratie participative. À lire absolument !

EXTRAIT
Les électeurs attendent l’alternative, ils ne récoltent que l’alternance.
Les changements sont essentiellement sémantiques. D’où le désenchantement, le rejet et la défiance à l’égard de ceux qui ont des responsabilités !
Comment peut-il en être autrement quand, pour gagner les élections, on applique les mêmes ingrédients que pour le marketing commercial :
- La séduction, alors qu’il serait urgent de parler vrai. Mais les électeurs sont-ils en capacité, dans un pays passé maître dans l’addition des corporatismes, d’entendre la vérité ?
- La caricature, alors que notre société est marquée par la complexité. Mais se donne-t-on le temps et les moyens d’aller au fond des sujets ?
- La posture, qui fait que l’on s’oppose quand on est dans l’opposition, et que l’on est persuadé d’avoir toujours raison quand on est dans la majorité.
Quel spectacle indigne que le débat politique dans notre pays !

À PROPOS DE L'AUTEUR
Ancien professeur de sport et champion d'Alsace de 800 mètres, Jo Spiegel est maire de Kingersheim (Haut-Rhin) depuis 1989. Il a été conseiller régional (1986 - 1998) et conseiller général (1988 - 2008). Sa commune est devenue un laboratoire réputé de démocratie participative.
Voici les liens pour 2 émissions de radio sur RCF où il a été interviewé sur ce livre et son engagement politique

samedi 28 janvier 2017

Les Réseaux du Parvis, vous connaissez ?

Les Réseaux du Parvis sont composés d’une quarantaine d’associations françaises, catholiques d’ouverture, protestants libéraux, unitariens, rassemblant près de 7 à 10 000 chrétiens. Malgré leur grande diversité, ils se retrouvent autour de valeurs communes qui leur sont fondamentales : la fidélité au message de l’Évangile, la primauté de l’humain et des chemins d’humanisation, la nécessité du dialogue et du débat, la fraternité humaine et la solidarité face à toutes les exclusions, la liberté de recherche spirituelle et théologique.
Précisons quelques termes. Le moins connu, ce sont les unitariens qui sont des chrétiens qui ne croient pas au dogme de la Trinité. Les catholiques d’ouverture ce sont des catholiques qui sont imprégnés de l’esprit d’ouverture insufflé par Vatican II et qui sont allergiques à la crispation identitaire, aux nostalgiques d’un passé à jamais révolu, à la vision dogmatique et hiérarchique de l’Eglise d’avant Vatican II, à un certain piétisme. Les protestants libéraux sont dans le même état d’esprit en réaction à certaines visions conservatrices des Eglises historiques protestantes.
A Parvis se rencontrent des cathos de gauche et des chrétiens de sensibilité moins progressiste, des croyants que trop de déceptions ont éloignés des institutions ecclésiastiques ainsi que des fidèles qui restent très actifs dans l’Église. Mais il n’y a aucun tri à opérer. C’est la tension inhérente à cette diversité qui féconde le mouvement et qui permet de dépasser l’hétérogénéité et les oppositions pour engendrer la foi et les engagements. Cependant, les membres de la Fédération des Réseaux du Parvis se définissent plutôt comme chrétiens à gauche que comme chrétiens de gauche. Quand les sociologues parlent « de chrétiens de gauche », ils reconnaissent que tous les chrétiens ne le sont pas. Et, de fait, selon les instituts de sondage les « chrétiens de droite » sont plus nombreux que les premiers. Ces divergences d’ordre politique ne sont pas étrangères à des interprétations différentes des textes bibliques en fonction des désirs des uns et des autres. C’est ainsi qu’à une certaine presse que titrait « Jésus revient ? » les chrétiens du Parvis ont répondu « Non, Jésus est toujours là ». Ils redoutent le risque d’amalgame qui conduirait à confondre l’ensemble des catholiques, malgré la diversité de leurs choix et de leurs opinions, avec le courant qui peut apparaître comme celui qui soutient une politique au profit des riches et au détriment des pauvres.
Les chrétiens du Parvis considèrent que l’Évangile est une parole vivante qui interpelle chaque personne qui accepte d’être à son écoute. Cette interpellation doit déboucher sur une réflexion partagée afin de faire advenir une société de justice et de paix. Autant les catholiques conservateurs se réfèrent à une tradition catholique censée être immuable, autant les progressistes sont ouverts à toutes les personnes de mêmes convictions, qu’elles soient croyantes, agnostiques ou athées. Depuis le concile Vatican II, ils considèrent aussi que le peuple des baptisés a des droits et que c’est démocratiquement que la communauté chrétienne exerce ses fonctions d’enseignement, de célébration et de diaconie.
Sur les Parvis, ses membres sont des veilleurs et des passeurs qui ont fait le choix d’une démarche humaniste, démocratique, dynamique et ouverte au monde, plurielle et communautaire. Ils ont l’Évangile dans une main et les droits de l’homme dans l’autre. Leurs engagements actuels vont du souci de l’application et de la réactualisation de Vatican II, à l’ouverture à l’Évangile et aux chemins d’humanisation, avec une attention croissante accordée aux dimensions écologiques et politiques des problèmes, dans un contexte désormais de plus en plus sécularisé et pluraliste. La sécularisation et la mondialisation bousculent les conditions d’une annonce crédible de l’Évangile. Le sort du christianisme historique et de l’Évangile dans le cœur et l’esprit des hommes exige aussi des engagements prophétiques hors les murs ou, comme le dit le pape François, à aller à la périphérie.

Georges Heichelbech, président de la Fédération des Réseaux du Parvis

mercredi 11 janvier 2017

Refuser les stratégies de haine, dossier de la Revue Les Réseaux des Parvis janvier-février 2017

« Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant, mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu ».
Tout le monde se souvient d’au moins une partie de ces paroles prononcées par Antoine Leiris, qui a perdu sa femme dans l’attentat du Bataclan et qui reste seul avec son fils âgé à l’époque de dix-sept mois, et qui depuis a consigné cela dans un livre. Ces paroles fortes, inhabituelles surtout après si peu de temps, ont envahi les médias et interpellé une multitude de personnes. Car comment surmonter sa haine en renonçant à la vengeance ? Est-ce un pardon ? Cela n’est pas aussi simple… Lire la suite de cet article
Autre article : Résister à la haine, la voie de la non-violence