Archevêque émérite de São Paulo, le
cardinal Paulo Evaristo Arns est mort mercredi 14 décembre à São Paulo (Brésil)
trois mois exactement après avoir fêté ses 95 ans. Figure de l’Église
brésilienne, il n’avait jamais eu peur de prendre la parole. Il se fait remarquer
par ses prises de position sans concession contre la dictature militaire,
dénonçant l’usage de la torture. Il participe d’ailleurs à faire sortir du pays
des photocopies de documents gouvernementaux prouvant son utilisation par les
militaires. Défenseur acharné de l’option préférentielle pour les pauvres, il
vend le palais épiscopal pour construire des logements sociaux et n’hésite pas
à affronter la Curie romaine à qui il reproche, notamment, sa bureaucratie, le
morcellement de son diocèse en cinq morceaux, présidés par des évêques
conservateurs, pour gêner son action ou la façon dont a été traité le
théologien de la libération Leonardo Boff. Le successeur du cardinal Arns, Mgr
Moreira Neves suscita l’incompréhension en dénonçant le préservatif pour éviter
le sida.
Voici le témoignage de Eduardo Boff (le
frère de Leonardo)
http://nsae.fr/2016/12/17/le-cardinal-pablo-evaristo-arns-professeur-intellectuel-raffine-ami-des-pauvres/
« Personnellement, je lui suis
profondément reconnaissant de m’avoir accompagné dans le procès doctrinal fait
contre moi par l’ancien Saint-Office en 1982 à Rome sous la présidence du
cardinal Joseph Ratzinger. Dans le dialogue qui a suivi mon interrogatoire,
entre le cardinal Ratzinger, le cardinal Lorscheider et le cardinal Arns, auquel
j’ai également participé, il a, avec courage, dit clairement au cardinal
Ratzinger : « Ce document, que vous avez publié il y a une semaine sur la
Théologie de la Libération ne correspond pas aux faits, des faits que nous
connaissons bien. Cette théologie est bonne pour les fidèles et pour les
communautés. Vous avez pris la vision des ennemis de cette théologie, qui sont
les militaires latino-américains et les groupes conservateurs de l’épiscopat,
mécontents de l’évolution, dans la pastorale et les façons de vivre la foi, que
ce genre de théologie implique ». Et il a ajouté: « J’attends de vous un
nouveau document, positif cette fois, qui reconnaisse cette façon de faire la
théologie à partir de la souffrance des pauvres et en fonction de leur
libération. » Et ce fut ainsi, trois ans plus tard »