jeudi 7 août 2025

Pourquoi Gaza ?

 Parmi les raisons du caractère crucial de la situation de Gaza, il y a d’abord le fait que 80% des personnes qui y vivent sont déjà des réfugiés de la guerre de 1948. Ils ont été chassés de leurs terres et villages par ce qu’Israël appelle sa “guerre d’indépendance”.

Il y a bien d’autres lieux sur la planète qui sont dévastés par des guerres d’une brutalité impitoyable. Ne parlons que de l’Afrique de l’Est, du Soudan à la région des grands Lacs, pour ne rien dire de la Birmanie. Ils apparaissent à l’occasion dans les préoccupations du monde et de ses dirigeants. Mais Gaza s’impose à l’attention du monde entier d’une manière singulière.

Les générations qui s’y sont succédé ont toutes dû faire face à des violences de diverses origines, sous un protectorat égyptien jusqu’à la guerre des Six Jours, puis sous l’occupation militaire d’Israël avec la pression de la colonisation jusqu’en 2005. La situation actuelle relève d’un dispositif israélien qui a commencé à se développer en 2005. Israël a alors décidé que Gaza ne relevait pas de la “Terre d’Israël” et a retiré son armée en même temps que ses colonies étaient démantelées. Mais en gardant le contrôle de tous les accès.

Le dispositif israélien reposait sur le principe colonial “Diviser pour régner”. L’Autorité palestinienne mise en place à la suite des accords d’Oslo en 1993 s’est vu opposer à Gaza, avec le soutien d’Israël, un mouvement hostile, le Hamas, proche des Frères musulmans en Égypte. Après des affrontements entre Palestiniens, le Hamas et ses alliés ont expulsé de Gaza les représentants de l’Autorité palestinienne et ont pris le pouvoir, après une élection locale qui leur a donné une majorité en 2008.

Gaza aurait ainsi pu être, en 2005, le premier pôle territorial cohérent d’un État palestinien. Mais dès ces années, des gouvernements israéliens de plus en plus radicaux ont peu à peu vidé de tout contenu le processus d’Oslo dans son ambition de faire coexister pacifiquement un État Israélien et un État palestinien. Cette “solution à deux Etats” a été ratifiée par les Nations-Unies et reste encore aujourd’hui la position de principe de la communauté internationale. Sauf que l’un des deux États, celui qui contrôle et occupe la totalité de la Palestine, Israël, a définitivement exclu toute souveraineté palestinienne. L’actuel Premier ministre israélien a donné les assurances les plus formelles que jamais il ne tolérerait l’existence d’un État palestinien, même embryonnaire. Dès 2005 la politique d’Israël s’orientait dans ce sens. Israël a alors profité de l’accès au pouvoir du Hamas à Gaza pour le déclarer terroriste et instaurer un blocus du territoire qui lui enlevait toute possibilité de se développer en un État viable. Il est devenu une “prison à ciel ouvert” pour 2,2 millions de Palestiniens, pour la plupart, on l’a dit, réfugiés ou descendants de réfugiés.

Le tournant décisif est celui de l’investiture du gouvernement d’extrême-droite dirigé par le Premier ministre actuel, en décembre 2022. Son objectif n’était pas de “résoudre le problème de la Palestine” mais de s’emparer des terres en déportant leurs habitants. Dès le début de 2023 la pression de l’armée et des colons s’est accrue en Cisjordanie et les meurtres d’Arabes palestiniens se sont multipliés, suivis d’expulsions d’agriculteurs et de saisie de terres. Il en résulte qu’en 2025 environ 90% du territoire occupé de Cisjordanie est la propriété d’Israël, soit comme terre de colonie, soit comme zone militaire. Les plus de 2 millions d’habitants arabes de Cisjordanie sont de plus en plus nombreux à être privés de leurs terres et réduits à l’inactivité.

Depuis 2008, à plusieurs reprises, ont eu lieu des affrontements entre les groupes armés palestiniens de Gaza, utilisant des roquettes, et l’armée israélienne, qui boucle la zone. L’épisode de 2015 a été particulièrement sanglant pour la population de Gaza avec plus de 1500 morts. En 2023 semblait s’être installé un statu quo dans une situation de siège et de conflit armé à basse intensité. Cela allait dans le sens des “accords d’Abraham” promus par Donald Trump pendant sa première présidence. Ils avaient conduit à une quasi-normalisation entre Israël et les principaux pays arabes. La question de l’existence des Palestiniens et de leur statut semblait en passe d’être oubliée, du côté aussi bien des puissances occidentales que des grands États arabes.

Israël dispose d’un système de renseignement parmi les plus sophistiqués du monde, d’autant plus performant qu’il s’appuie sans réserve sur les moyens des États-Unis. Il a transmis les alertes qu’il détectait à Gaza, où le gouvernement dominé par le Hamas s’inquiétait de se voir soumis de manière durable à une condition de siège dont nul ne se souciait plus. Des sources comme le New York Times ont donné l’information selon laquelle les services de renseignement israéliens étaient prévenus, largement avant le 7 octobre, d’une offensive inédite à venir depuis Gaza. Pourtant tout a été fait pour que l’attaque du 7 octobre 2023 apparaisse comme une surprise absolue. On ne peut pas ne pas y voir une volonté politique identique à celle qui était à l’œuvre en Cisjordanie, d’en finir une fois pour toute avec la présence palestinienne à Gaza.

La suite est sous nos yeux. Des mois de guerre, des otages, une détermination des mouvements palestiniens d’autant plus inflexible qu’ils ont vu “éliminer” tous leurs dirigeants en place par les divers moyens dont disposent les forces israéliennes. Les bombardements massifs n’en constituent qu’une face. On a le sentiment qu’il y a une certaine logique suicidaire parmi les militants palestiniens de Gaza, qui ne sont justement pas des militaires : “Nous sommes de toute façon condamnés, entraînons dans la mort autant d’ennemis que nous le pouvons”. La pratique de la prise d’otages est indéfendable de tous les points de vue, aussi bien moraux que politiques, car elle a détourné de la cause palestinienne de nombreux soutiens internationaux. Elle apparaît relever de cette même logique suicidaire : il n’y a pas d’autre moyen que cela pour faire face à la mort des combattants et à l’assujettissement du peuple. Les appels à la négociation et au cessez-le-feu ont peu de chances de déboucher. On ne peut malheureusement s’attendre qu’à de longs mois de souffrance et de désespérance. Face à la cinquantaine d’otages israéliens dont le sort reste incertain, survit une population de 2 millions sans doute de personnes, désormais otages arabes d’Israël.

Parmi eux, une majorité de femmes avec leurs enfants en bas âge. Plus d’un million de femmes et d’enfants en otages, massacrés, sans armes : cela ne se présente en aucun autre conflit. Rappelons que jamais les femmes de Palestine n’ont pris les armes, à la différence des femmes israéliennes qui font toutes leur service dans l’armée.

“Chrétiens de la Méditerranée” a des raisons propres d’être concerné par la situation à Gaza. De longue date nous sommes en relation avec des habitants de Gaza et ce qui les atteint nous touche directement. Parmi eux, il y a Ziad Medoukh, professeur de français à l’Université, avec ses étudiants. Il n’a jamais caché son opposition politique à l’islamisme et à toute confessionnalisation de la situation palestinienne. L’un de ses livres a pour titre éloquent : “Être non violent à Gaza”.

J.B. Jolly, Administrateur de CDM

mercredi 11 juin 2025

https://www.garriguesetsentiers.org/2025/06/gaza/israel-aimer-vraiment-son-prochain-ne-plus-se-taire.html

Sur les murs de ma synagogue sont gravés quelques mots tirés d'un des versets les plus célèbres (et les moins bien compris) de la Bible :

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

 

L’adage, à la manière d’une « tarte à la crème », énonce la bonne conscience des religions monothéistes : on s’en gargarise comme pour se convaincre qu’au fond, on ne se veut que du bien. C’est charmant mais on sait que ces mots n’ont jamais empêché qui que ce soit de recourir à la violence, à l’intolérance ou au prosélytisme. L’autre a certes tout notre amour, dès qu’il est notre « prochain » mais, à l’instant où il se fait un peu « lointain », de nos croyances ou nos convictions, mérite‐t‐il encore notre attention ?

Le phénomène n’est pas propre aux religions. Tendez l’oreille vers tant de discours actuels, polarisés à l’extrême. La méfiance est radicale vis à vis du « salaud » d’en face. Et c’est particulièrement vrai quand il s’agit de débattre du Proche‐Orient.

 

Très vite, chacun défend son « prochain » (et uniquement lui !), et la parole se censure… On se tait pour éviter de fournir la moindre munition au « camp » d’en face. Toute autocritique menace l’union sacrée, se fait traîtrise ou, pire, carburant pour un ennemi qui cherche à nous détruire. Alors Chut… taisons‐nous plutôt que de faire le jeu d’une quelconque récupération. Il en va de la sécurité de nos idées ou de nos enfants.

Moi‐même, j’ai ressenti souvent cette injonction au silence. J’ai parfois bâillonné ma parole, pour éviter qu’elle ne nourrisse les immondices de ceux qui me menacent, ceux qui diabolisent et déshumanisent un peuple, et s’imaginent aider ainsi un autre. J’ai censuré mes mots face à ceux qui trouvent des excuses à une déferlante antisémite « ici » au nom d’une justice absente « là‐bas ». J’ai entendu dans leur bouche les accords d’une haine ancestrale, la mélodie de ceux qui sont convaincus d’être du bon côté de l’Histoire.

 

Je me suis tue mais, aujourd’hui, il me semble urgent de reprendre la parole. Je veux parler, au nom de « l’amour du prochain » ou plutôt de ce que ce verset biblique (si mal traduit) en dit vraiment.

Il est écrit : « Si tu sais adresser des reproches à ton prochain » et alors : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cet amour n’a rien d’inconditionnel ou d’aveugle. Il implique au contraire, dans la Bible, d’ouvrir les yeux d’un proche sur ses fautes, et de tendre dans sa direction un miroir pour qu’il s’observe.

C’est donc précisément par amour d’Israël que je parle aujourd’hui. Par la force de ce qui me relie à ce pays qui m’est si proche, et où vivent tant de mes prochains. Par la douleur de le voir s’égarer dans une déroute politique et une faillite morale. Par la tragédie endurée par les Gazaouis, et le traumatisme de toute une région.

 

Comme beaucoup d’autres Juifs, je veux dire que mon amour de ce pays n’est pas celui d’une promesse messianique, d’un cadastre de propriétaire ou d’une sanctification de la terre. Il est un rêve de survie pour un peuple que personne n’a su ou voulu protéger et il est le refus absolu de l’annihilation d’un autre peuple pour le réaliser. Il est la conviction, déjà énoncée par ses fondateurs, que cet État doit être à la hauteur d’une histoire ancestrale et, selon les termes de sa déclaration d’Indépendance, « tendre la main » à tous les pays voisins et à leurs peuples.

 

Cet amour d’Israël consiste aujourd’hui à l’appeler à un sursaut de conscience…
Il consiste à soutenir ceux qui savent que la Démocratie est la seule fidélité au projet sioniste.
Soutenir ceux qui refusent toute politique suprémaciste et raciste qui trahit violemment notre Histoire.

 

Soutenir ceux qui ouvrent leurs yeux et leurs cœurs à la souffrance terrible des enfants de Gaza.
Soutenir ceux qui savent que seuls le retour des otages et la fin des combats sauveront l’âme de cette nation.
Soutenir ceux qui savent que, sans avenir pour le peuple palestinien, il n’y en a aucun pour le peuple israélien.
Soutenir ceux qui savent qu’on n’apaise aucune douleur, et qu’on ne venge aucun mort, en affamant des innocents ou en condamnant des enfants.

C’est seulement par ce soutien que s’énonce un véritable amour du prochain. Pas comme une promesse niaise et inconditionnelle, mais comme une exigence morale qui doit préserver l’humanité de chacun d’entre nous, et permettre au « prochain humain », c’est-à-dire une génération à naître, de connaître autre chose que la haine.

Delphine Horvilleur

 

Delphine Horvilleur est directrice de la rédaction de Tenoua. Ordonnée rabbin au Hebrew Union College en 2008, Delphine est depuis lors rabbin au MJLF (JEM) à Paris. Elle a pris la tête de Tenoua en 2009.

Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dont le dernier, Euh... Comment parler de la mort aux enfants, paru  en avril 2025 aux éditions Bayard et Grasset. 

mardi 25 mars 2025

 « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. »

« La question de Pierre à Jésus : “Combien de fois dois-je pardonner à mon frère ?” (Mat 18, 21) 
est devenue une question d’actualité publique sous la pression tragique de l’histoire. Peut-on promouvoir la réconciliation des personnes et des groupes sans favoriser l’oubli des crimes ? …
Le pardon des offenses et l’amour des ennemis sont parmi les points les plus caractéristiques de l’enseignement de Jésus ; ils se signalent l’un et l’autre par leur radicalité. Mais ils sont, l’un et l’autre, un acte tout gratuit, qui ne donne aucune assurance qu’un autre en usera pareillement à notre égard… Quiconque fait l’expérience du don accède au royaume de la gratuité et découvre que c’est elle, et elle seule, qui accomplit la perfection des relations humaines, la perfection de la liberté libérée de ses entraves. La liberté se prend en se donnant. Personne n’est vraiment libre, vraiment humain, tant qu’il fait d’un autre son esclave en le soumettant à la violence de son droit, tandis que l’acte de gratuité du don est l’expérience d’un enrichissement en humanité. Les chances que le pardon l’emporte sur la violence, c’est la contagion de la liberté. La force du droit est à elle seule incapable d’éradiquer la violence puisqu’elle en fait usage ; seule peut la désarmer la renonciation de l’offensé à son droit… Utopie ? Sans doute, les paraboles du Royaume sont utopiques comme l’est le Royaume. Mais l’utopie n’est pas dépourvue d’efficacité, car elle agit puissamment sur le cœur des humains. Encore faut-il qu’elle ait une inscription dans les réalités de l’histoire. La puissance des paroles de Jésus sur les hommes, c’est de leur proposer un exemple à imiter, celui de “votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes” » (Mat 5, 45).

Joseph Moingt

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mardi 26 novembre 2024

Une traversée du désert

 Avez-vous, un jour, perdu toutes vos raisons de vivre ? Comme si le chemin sur lequel vous marchiez jusque-là s’effondrait brutalement sous vos pieds et vous entraînait dans une chute sans fin. En amont beaucoup de fatigue accumulée, un système nerveux épuisé, comme une batterie de voiture que vous avez beau solliciter et qui refuse tout service. En même temps une envie de grimper aux murs, tant le quotidien vous est devenu invivable, insupportable. Mais difficile d’y échapper. 

Comme le disait saint Jean de la Croix : « La source, elle coule, elle court, mais c’est de nuit… Dans la nuit obscure de cette vie, ciel et terre viennent y boire, mais c’est de nuit. » Certains voudraient des évidences. Mais pour moi, si Dieu se laisse entrevoir, ce n’est jamais dans la pleine lumière, et je reste plus sensible aux questions, aux interrogations et aux incertitudes qu’aux affirmations péremptoires. 

Prier, pour moi, aujourd’hui c’est rejoindre la préoccupation de Dieu pour notre monde, qui va mal et où il y a tant de sujets d’inquiétude.

Prier, c’est oser lever les yeux vers l’horizon des promesses divines en croyant qu’elles sont pour les hommes de notre temps.

Prier, c’est oser croire que l’action de l’Esprit, dans les cœurs, même si elle est bien cachée, est effective et forte.

Prier, c’est refuser de s’habituer, ou de démissionner ou d’entretenir une fausse quiétude. C’est partager l’indignation des prophètes devant l’intolérable.

Prier, c’est croire que, là où il nous est demandé d’agir, Dieu est déjà à l’œuvre

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lundi 15 juillet 2024

« La fraternité, bordel ! »

 Parodiant le titre d’un film célèbre, Bernard Fauconnier et Michel Bouvard livrent par ce cri leur conviction viscérale, qui élargit le spectre de l’analyse de la situation politique actuelle à la défense d’une valeur fondamentale pour notre société et, au-delà, pour notre humanité.

Liberté, égalité, fraternité ! Les trois valeurs de notre république, affichées partout, nous rappellent le cadre dans lequel doivent se situer l’action politique et, plus généralement, l’ensemble de interactions entre les citoyens. Être citoyen français, c’est vivre et défendre ces trois valeurs, c’est faire les choix qui développent leur imprégnation dans la vie sociale.

Les combats pour la liberté et pour l’égalité sont nombreux. Mais la fraternité tient peu de place dans l’espace publique : rares sont les leaders politiques ou sociaux qui s’y réfèrent ; plus rares encore ceux qu’elle guide dans leurs choix et actions.

Pourtant, la fraternité peut refonder la société française d’aujourd’hui car elle est façon de considérer l’autre, de le reconnaître, au-delà des différences d’idées, d’engagements, comme un égal en droit, un semblable en humanité, un autre riche de ses différences : un concitoyen.

Elle ne divise pas la société en classes, corporations, groupes d’intérêts communs, communautés ou « clientèles ». Au contraire, elle la réunit dans la recherche du bien commun, dans la lutte contre les inégalités et pour les libertés, avec le souci du plus faible. Elle cherche à établir les priorités et tient compte des moyens communs disponibles ou mobilisables.

Certes, elle a été présente dans un grand nombre de systèmes de partage, impôts, retraite, Sécurité Sociale, qui ont été construits par le Conseil National de le Résistance, dans ce moment de fraternité que fut la Libération en 1945. Mais guide-t-elle encore, aujourd’hui, tous nos choix politiques ?

Les citoyens perçoivent cruellement que la recherche de l’intérêt général n’est plus la priorité ; postures, rhétoriques figées, ambitions personnelles, intérêts de catégories sociales, intérêts financiers spéculatifs, peurs, etc. volent souvent ce premier rôle. Les citoyens se désespèrent, ils ne se sentent plus concitoyens, et ne cherchent plus à faire société commune.

C’est un immense danger pour notre société qui sent qu’il n’y a ni liberté, ni égalité sans fraternité : sans elle, république et communauté nationale se meurent.

Ce désespoir pousse à la force plus qu’à l’entente ; à écouter les solutions simplistes, à chercher des boucs émissaires, à croire les discours fondés sur le rejet du différent. Il fait tourner le dos à la fraternité !

Sur ce sujet, le silence des hommes politiques met en miette l’unité nationale. Ils parlent à des catégories d’électeurs, à des clientèles qu’ils cherchent à séduire.

L’homme politique a pour rôle de proposer un avenir commun et possible aux Français. C’est perversion que de servir à des groupes d’électeurs ce qu’ils ont envie d’entendre (puis de ne pas tenir les promesses…) Les populismes sont destructeurs de fraternité. C’est dans l’analyse de la façon dont s’y incarnent nos trois valeurs fondamentales que se doit écouter la société française.

Il est urgent de remettre la fraternité au cœur de nos politiques, de nos vies quotidiennes. Et gare aux fausses pistes ! Notre société est faite de diversités : classes sociales, groupes d’intérêts communs, communautés, religions, cultures, etc. L’avenir ne changera pas ce fait. Mais la fraternité peut les réunir en société. Il est absurde d’espérer retisser les liens citoyens en réduisant cette diversité : nos chances de succès sont nulles ; refuser les différences, c’est renier nos valeurs, nier notre propre humanité.

·         Il existe bien sûr de vraies pistes pour remettre la fraternité au cœur de la vie. En voici quelques-unes :

·         Proclamons inlassablement les bienfaits de nos valeurs fondamentales : liberté, égalité, fraternité. Mettons en lumière les droits de l’homme, l’égalité des droits et devoirs des citoyens, hommes et femmes, la laïcité, la civilité, etc. Enseignons-les tout au long des parcours scolaires et des processus d’immigration, de naturalisation. Imprégnons-en tous les discours politiques. Faisons-les respecter rigoureusement, partout, avec rigueur et respect des droits.

·         Développons l’esprit critique et de discernement de nos concitoyens, dès le plus jeune âge. C’est la mission essentielle de notre Éducation Nationale. Dans une société baignée du bruit des forces de « communication », il est nécessaire que chacun discerne les intérêts particuliers qui animent ces flux séducteurs visant à faire de nous des moutons et non des citoyens.

·         Développons le sens civique et la civilité des comportements, le sens de l’écoute, du respect de l’autre, notamment du plus faible.

·         Développons l’aptitude à exprimer sa pensée, à l’affiner : la maîtrise de la langue commune est une arme essentielle contre les violences.

·         Faisons de la fraternité le socle de tous les choix politiques.

La fraternité est plus qu’une invention de notre république. Elle ne lui est ni propre, ni réservée. Elle est la voie de survie de l’Europe, de l’humanité, elle doit guider et inspirer toutes les nations, tous les organismes internationaux ; tous les hommes aussi. Sans fraternité, notre planète est invivable et se meurt.

Nous ne sommes pas les premiers à le dire… Mais crions-le encore, et encore, et encore, bordel !

Bernard Fauconnier et Michel Bouvard

Saint-Merry Hors-les-murs

mercredi 24 avril 2024

Quitter l’Eglise catholique ou y rester…

 Voici un lien vers un article de René Poujol datant d’avril 2023 et qui reste toujours d’actualité

https://www.renepoujol.fr/quitter-leglise-catholique-ou-y-rester/

En voici quelques extraits :

Des catholiques « en périphérie » que les évêques paraissent ne pas entendre

Sans doute y a-t-il là l’expression d’une conviction partagée par beaucoup dans ce qui tend à apparaître comme une « périphérie » de l’Eglise que nos évêques ne semblent pas pressés de reconnaître, de rejoindre ou d’entendre. Même si le débat n’est pas tranché parmi ces baptisés entre ceux qui plaident pour substituer un partage fraternel de la parole et du pain à l’eucharistie traditionnelle et ceux qui aspirent à une complémentarité entre les deux. Le 22 mars dernier, dans les locaux historiques des éditions Temps Présent (5) se trouvaient réunis pour une journée de réflexion et d’échanges : des représentants du collectif Pour un christianisme d’avenir, initiateur de la rencontre, La Fédération des Réseaux du Parvis, Nous sommes aussi l’Eglise, la Conférence catholique des baptisé.e.s francophones (CCBF)Saint-Merry Hors-les-murs, mais également Témoignage chrétien et Golias ainsi qu’à titre personnel, quelques journalistes et sociologues connus de la cathosphère. Pour dire leur détermination à approfondir leur réflexion sur l’Eglise, faire entendre leur voix et ouvrir de nouveaux espaces de liberté pour témoigner de l’Evangile. 

Comme compléments :

Garrigues et sentiers a ouvert un grand débat autour du thème faut-il quitter l’Eglise ou rester ? La lecture en est passionnante. 

Le 11 mars 2023, la Conférence catholique des baptisé.e.s francophones (CCBF) présentait les résultats d’une enquête (voir vidéo ici) réalisée auprès de 1 600 baptisés hommes et femmes « éloignés de l’Eglise »

dimanche 24 décembre 2023

Agir pour espérer

 En cette fête de Noël et à l’aube de l’année nouvelle, que l’espérance soit plus forte que toutes les faiblesses conduisant à la guerre, à la violence et au rejet de l’autre qui est différent. Un humain vaut un autre humain, ça veut dire que la souffrance d’un être humain est égale à la souffrance d’un autre être humain.

J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi. Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites.

L'espérance n'est ni un trait de caractère, ni une doctrine, ni une force objectivement décelable. Elle est avant tout un choix, un regard tourné vers l'autre, un pas fait avec l'autre, simplement pour marcher ensemble afin que la vie soit plus humaine

Soyons conscients d'être des sentinelles, qui pouvons regarder la nuit sans effroi, parce qu'il y a au fond de nous-mêmes assez de lumière pour ne pas douter de l'existence du matin

Lire la suite https://www.reseaux-parvis.fr/2023/12/20/revue-reseaux-des-parvis-n-120-janvier-fevrier-2024-agir-pour-esperer/

mercredi 20 décembre 2023

La loi sur l'immigration, une honte pour la France

 La société se droitise, voire s'extrême droitise

Le texte sur la loi immigration a-t-il été adopté sans les voix du Rassemblement national ? Ce minable petit calcul politicien n'a absolument aucun intérêt. Le problème numéro 1, c'est le texte lui-même, indigne. Et le problème numéro 2, c'est que tous les parlementaires RN et LR - honte à eux - ont voté pour ce texte, alors qu'il s'est trouvé quelques élus macronistes - merci à eux - pour s'abstenir ou voter contre. On regrettera aussi le vote de la gauche qui n'aura pas permis de débattre du texte à l'Assemblée nationale. Mêler ses voix à celle de l'extrême droite est forcément catastrophique. Le Pen et ses idées nauséabondes a gagné grâce à des élus qui prétendaient en être le rempart. Que faut-il faire maintenant ? Modestement, à son niveau, accueillir au mieux ceux qui sont qualifiés "d'étrangers" alors qu'ils sont nos frères en humanité. (François Vercelletto)

Un dossier sur l’accueil de l’étranger

Un dossier du site Garrigues et Sentiers sur l’étranger

Quelques idées reçues

Une petite vidéo

vendredi 15 décembre 2023

Combattre la pauvreté et la précarité

 Elles ne cessent de s’aggraver. Toutes les associations de solidarité, engagées dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, alertent sur la dégradation des conditions de vie due à l’inflation, sur les prix des produits alimentaires qui ont connu une spectaculaire augmentation. Les minima sociaux n’ont évolué que de 1,6 % en 2023 ; cela reste bien inférieur à l’inflation évaluée autour de 5%, mais qui pèse plus de 20 % pour les plus démunis correspondant aux frais d’alimentation, d’énergie et de logement.

Lire la suite du communiqué de ECCO du secteur de CAEN, membres de la fédération du Parvis

Le baromètre de la pauvreté et de la précarité, Secours populaire

L’état de la pauvreté en France, Secours catholique, Caritas

lundi 4 décembre 2023

Synode, un changement d’époque ?

 Saint Merry Hors les Murs et la revue Projet ont proposé lundi 27 novembre en partenariat avec en particulier Les Réseaux du Parvis une soirée par Zoom, avec comme invité Christoph Théobald

Voici le lien pour visionner la rencontre

Lire aussi la synthèse de cette rencontre

Et l’analyse qu’en a fait René Poujol

mardi 21 novembre 2023

La voie de Jésus de Nazareth, toujours d’actualité ?

 Il y a diverses voies ou du moins diverses perceptions, et même diverses interprétations, de la voie de Jésus, liées à nos expériences, au milieu dans lequel nous vivons, aux rencontres que nous avons faites, aux témoins que nous avons rencontrés et au chemin spirituel que nous avons parcouru ?

Lire la suite

Et voici l’ensemble du dossier traitant de ce thème

dimanche 22 octobre 2023

Guerre au Proche-Orient : les mots et l’histoire du conflit

 Dans sa conclusion de l’entretien qu’il a eu avec Mediapart, Bertrand Badie a dit

« De par ma bi culturalité, persane et française et pour avoir de par mon métier eu l’occasion de visiter 115 pays et y avoir fait des conférences, cela m’a appris une chose que je voudrais dire de manière très calme et solennelle :

Un humain vaut un autre humain, ça veut dire que la souffrance d’un être humain est égale à la souffrance d’un autre être humain. Ma sympathie d’âme est toute entière avec les martyrs de Sdérot, comme avec les martyrs de Gaza. Je pense que si on veut entrer dans un monde mondialisé, il faut faire de ce principe la base de tout et surtout rompre avec une culture hiérarchique. On gagne la bataille de la mondialisation, si on gagne la bataille de l’humain. Si vous ne partez pas de cette unité de l’humanité, vous tombez, soit dans le délire de la police de pensée, soit dans un racisme structurel. »

Vaste chantier où il y a encore tellement à faire. Pensons aux migrants, à l’homophobie, au racisme, à l’inégalité hommes-femmes que ce soit dans la société ou dans les Eglises, aux conflits ethniques, au choc des civilisations dont les unes se croient supérieures aux autres, aux juifs et aux musulmans, aux chrétiens qu’ils soient catholiques, protestants ou orthodoxes, aux croyants, aux agnostiques ou aux athées, à toutes formes d’esclavage.

Il est possible de voir cet entretien, en accès libre, en cliquant sur le lien suivant

dimanche 8 octobre 2023

Dire Dieu et Jésus, quand les croyances s’effondrent

 Tel était le thème d’une journée d’études passionnante, organisée à Paris par les Editions Karthala et l’équipe de Pour un christianisme d’avenir, membres de la Fédération des Réseaux du Parvis.

Voici un court commentaire qu’en avait fait René Poujol

« Six heures, vécues par cent-quarante participants, pour mieux pénétrer la pensée de Spong, Moingt, Mori (photo) avec des interventions, entre autres, de Jacques Musset, Jose Arregi, Jean-Pol Gallez…

Si la crise, déjà ancienne, que traverse l’Eglise catholique soulève bien des questions relatives à la pastorale, à la gouvernance, à la discipline ecclésiastique que le Synode sur la synodalité va devoir examiner, il en est d’autres, bien plus radicales, qui traversent une partie du peuple chrétien et touchent au dogme et à la doctrine. Elles sont formulées par des passionnés d’Evangile en quête de vérité qui, contrairement à quelques idées reçues, ne sont pas là pour régler des comptes avec l’Eglise.

RFI dans le cadre de ses émissions religions du monde vient d’en proposer une sur le thème Renouveler l’Église catholique : paroles critiques

Etait invité en studio : Robert Ageneau, éditeur, fondateur des éditions Karthala.

Y sont aussi intervenus

- Jacques Musset, Français, chercheur catholique libéral, ancien prêtre, auteur de « Jésus pour les non religieux, rendre son humanité au prophète de Nazareth » (éd. Karthala, 2023)

- José Arregi, Espagnol, théologien, ancien prêtre, ancien professeur de Théologie à l’Université jésuite de Deusto à Bilbao

- Jean-Pol Gallez, Belge, juriste et théologien

- Pierre Diarra, Malien, professeur de Théologie à l’Institut Catholique de Paris, consulteur au dicastère pour le dialogue interreligieux

- Marie-France Landreau, laïque française, catholique désormais engagée chez les protestants.

Toutes ces personnes étaient présentes à la rencontre de Paris, certaines comme intervenants

Pour plus d’informations, cliquez sur le lien suivant

lundi 21 août 2023

Jacques Gaillot, une vie au goût d'Evangile

 6 / Jacques Gaillot Communiqué de la Fédération des Réseaux du Parvis

6 / Gaillot-Drewermann : une convergence par-delà les différences Régine et Guy Ringwald

9 / Gaillot et la méthode Jésus Christiane Bascou

10 / Rencontres avec Jacques Gaillot Vincent Steyert

10 / Jacques Gaillot et les armes nucléaires Georges Heichelbech

11 / Jacques Gaillot et la Palestine Laurent Baudoin, les Amis de Sabeel-France,  Chrétiens de la Méditerranée, Association des Palestiniens en France

13 / Avec les femmes contre l’obscurantisme ! Jacques Gaillot

14 / Quand on aime, il ne fait jamais nuit Gino Hoël

15 / Lettre à Jacques Gaillot, un frère d’exception Émile Nguiamba

16 / Dernière homélie à Évreux Jacques Gaillot

17 / De l’éviction de Jacques Gaillot à la naissance de Jonas Alsace Marie Anne Jehl

18 / Hommage à Mgr Jacques Gaillot Benoist de Sinety

18 / Etapes d’une vie

19 / Mgr Gaillot était un grand homme Germaine Lipeb

19 / Hommage à Jacques Gaillot Hélène Dupont

20 / Droit au logement : un squat qui fait date Droit Au Logement

21 / Jacques Gaillot, évêque militant, évêque des « sans » Collectif

22 / Célébration d’au revoir à Jacques Gaillot Jean-Pierre Maillard, Frantz Lichtlé

24 / Jacques Gaillot, hier, aujourd’hui et demain Georges Heichelbech

25 / « L’avenir est ouvert » Entretien entre Jacques Gaillot et Joan Charras Sancho dans Cultures & Sociétés, Sciences de l’Homme

27 / Que les pierres conservent aussi la mémoire de Jacques...Collectif

Hors-Série n° 12 Jacques Gaillot, 10 ans déjà

Jacques Gaillot : Quelques messages

La plupart des articles on peut les consulter dans le n° 118, de septembre – octobre 2023, de la revue les Réseaux du Parvis


samedi 1 juillet 2023

Perdre sa vie

On reproche aux soixante-huitards d’avoir bazardé le sacré. Merci à eux ! Le sacré est le contraire de l’évangile parce que, avec Jésus, il n’y a plus de distinction entre le ciel et la terre, le divin et l’humain. Le lieu de Dieu est l’humanité ; la vie de l’homme est la divinité. Si l’on veut parler de sacré, il faudra dire que toute vie humaine est une histoire sacrée, et non les quelques minutes de culte ou de superstition, les doigts croisés ou les cierges, l’eau bénite ou une neuvaine.

L’engagement chrétien et le souci des autres lui-même n’est pas de l’ordre de l’efficace. Perdre sa vie. Faire des trucs gratuitement, croire gratuitement. On ne croit pas pour que Dieu nous soit favorable, ni pour être quelqu’un de bien. Vivre avec les paumés, non pas gagner plus. Perdre sa vie, passer sa vie avec les perdants, parce que nous en sommes, pour peu que nous accédions à un peu de lucidité.

Lire la suite de l’article de Patrick Royannais

Jésus a mis l’humain au centre et pas la religion