Avez-vous, un jour, perdu toutes vos raisons de vivre ? Comme si le chemin sur lequel vous marchiez jusque-là s’effondrait brutalement sous vos pieds et vous entraînait dans une chute sans fin. En amont beaucoup de fatigue accumulée, un système nerveux épuisé, comme une batterie de voiture que vous avez beau solliciter et qui refuse tout service. En même temps une envie de grimper aux murs, tant le quotidien vous est devenu invivable, insupportable. Mais difficile d’y échapper.
Comme le
disait saint Jean de la Croix : « La source, elle coule, elle
court, mais c’est de nuit… Dans la nuit obscure de cette vie, ciel et terre
viennent y boire, mais c’est de nuit. » Certains voudraient des
évidences. Mais pour moi, si Dieu se laisse entrevoir, ce n’est jamais dans la
pleine lumière, et je reste plus sensible aux questions, aux interrogations et
aux incertitudes qu’aux affirmations péremptoires.
Prier, pour moi, aujourd’hui c’est rejoindre la
préoccupation de Dieu pour notre monde, qui va mal et où il y a tant de sujets
d’inquiétude.
Prier, c’est oser lever les yeux vers l’horizon des
promesses divines en croyant qu’elles sont pour les hommes de notre temps.
Prier, c’est oser croire que l’action de l’Esprit,
dans les cœurs, même si elle est bien cachée, est effective et forte.
Prier, c’est refuser de s’habituer, ou de démissionner
ou d’entretenir une fausse quiétude. C’est partager l’indignation des prophètes
devant l’intolérable.
Prier, c’est croire que, là où il nous est demandé
d’agir, Dieu est déjà à l’œuvre