mardi 25 mars 2025

 « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. »

« La question de Pierre à Jésus : “Combien de fois dois-je pardonner à mon frère ?” (Mat 18, 21) 
est devenue une question d’actualité publique sous la pression tragique de l’histoire. Peut-on promouvoir la réconciliation des personnes et des groupes sans favoriser l’oubli des crimes ? …
Le pardon des offenses et l’amour des ennemis sont parmi les points les plus caractéristiques de l’enseignement de Jésus ; ils se signalent l’un et l’autre par leur radicalité. Mais ils sont, l’un et l’autre, un acte tout gratuit, qui ne donne aucune assurance qu’un autre en usera pareillement à notre égard… Quiconque fait l’expérience du don accède au royaume de la gratuité et découvre que c’est elle, et elle seule, qui accomplit la perfection des relations humaines, la perfection de la liberté libérée de ses entraves. La liberté se prend en se donnant. Personne n’est vraiment libre, vraiment humain, tant qu’il fait d’un autre son esclave en le soumettant à la violence de son droit, tandis que l’acte de gratuité du don est l’expérience d’un enrichissement en humanité. Les chances que le pardon l’emporte sur la violence, c’est la contagion de la liberté. La force du droit est à elle seule incapable d’éradiquer la violence puisqu’elle en fait usage ; seule peut la désarmer la renonciation de l’offensé à son droit… Utopie ? Sans doute, les paraboles du Royaume sont utopiques comme l’est le Royaume. Mais l’utopie n’est pas dépourvue d’efficacité, car elle agit puissamment sur le cœur des humains. Encore faut-il qu’elle ait une inscription dans les réalités de l’histoire. La puissance des paroles de Jésus sur les hommes, c’est de leur proposer un exemple à imiter, celui de “votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes” » (Mat 5, 45).

Joseph Moingt

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