jeudi 5 décembre 2019

Vous n’aurez pas de tendresse avec des femmes

Cette injonction faite à des séminaristes de Toulouse, "Vous n'aurez pas de tendresse avec des femmes" a inspiré à un de nos fidèles internautes, Didier Levy, une importante contribution articulée en trois parties que nous avons choisi de mettre en ligne successivement.
Son préambule et sa première partie, « Le cléricalisme, les castes et la ségrégation » sont publiés ci-dessous
Les deux autres parties, « L’impureté du féminin » et « Le ministère de la résurrection et de la présence » suivront rapidement.

dimanche 20 octobre 2019

Le Pacte des Catacombes

Durant le déroulement du synode pour l’Amazonie, il a été question du pacte des catacombes.
Comme j’ai une alerte sur Vatican news, ils avaient indiqué un article ayant pour titre « Qu’est-ce que le pacte des catacombes ? »
Quelle ne fut pas ma surprise, en lisant cet article, que pour donner les 13 points de ce document, on mette comme lien, le document qui se trouve sur le site de Parvis !!!
Cet article a d’abord été publié sur le site de NSAE
D’ailleurs, si vous cherchez « Pacte des catacombes » sur le site de NSAE, vous trouvez de multiples articles
Ce document avait été soigneusement caché par le Vatican, mais a été la source d’inspiration de Medellin en 1968, pour parler de l’option préférentielle pour les pauvres. Ce texte provient des Informations catholiques internationales, 1er janvier 1966, qui était le nom de ce qu’on appelle actuellement la Documentation catholique

vendredi 18 octobre 2019

Marchant ensemble, des femmes s’éloignent de l’Église

Le Vatican a publié l’autre jour la liste des participants et des participantes au prochain Synode de la région panamazonienne. Les 185 droits de vote au Synode appartiennent tous à des hommes.
Lire la suite


mercredi 16 octobre 2019

Redécouvrir l'Europe dans son ambivalence

La chute du mur de Berlin et l’effondrement des régimes communistes nous ont conduit à penser que nous avions atteint « la fin de l’Histoire », avec le triomphe définitif de la démocratie libérale dont les fondements sont le marché et le droit. Force est de constater que la montée des nationalismes et des populismes dans l’Est de l’Europe remet en cause cette analyse un peu trop rapide. Il ne suffira pas de stigmatiser des leaders populistes s’appuyant sur des hiérarchies religieuses et surfant sur des pulsions nationalistes pour construire un avenir à l’Europe.

lundi 14 octobre 2019

Débat passionné autour de la PMA

Il est très délicat d'affirmer sans nuances, je suis 100% pour ou je suis 100% contre l'extension de la PMA, qui d'ailleurs existe déjà. Qu'on arrête de présenter la famille idéale papa, maman, enfant pour dire que les enfants conçus par PMA auront des problèmes. Il y a nettement plus d'enfants de familles monoparentales, de familles divorcées, d'enfants battus, d'enfants rejetés par leurs parents parce que non désirés, d'enfants qu'on est obligé de retirer de leur foyer familial.
Quelques éléments de réflexion



Il faut ajouter que si on en est au stade d'Humanae Vitae, que toute relation sexuelle doit être ouverte à la vie et qu'utiliser une méthode de contraception c'est aller contre la volonté de Dieu, ou au stade de Donum Vitae qui s'oppose même à la fivette homologue à cause d'une certaine conception de la loi naturelle, il est difficile d'entrer sereinement dans ce débat

dimanche 15 septembre 2019

Faut-il en rire ou en pleurer ? Nouvelle attaque du cardinal Burke contre le synode sur l’Amazonie

Le cardinal Raymond Burke, désormais sans réelle responsabilité au Saint-Siège, et Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana (Kazakhtan), ont rendu public, jeudi 12 septembre, un nouveau document dénonçant les « erreurs » et « hérésies » qu’ils croient déceler dans le document de travail du Synode sur l’Amazonie qui doit s’ouvrir le 6 octobre prochain au Vatican.
Dans ce long document de 8 pages, publié en plusieurs langues sur les sites habituels de l’opposition au pape François, ils annoncent également une « croisade de quarante jours de prière et de jeûne ». Ils demandent en particulier que le pape François « ne consente pas à l’abolition du célibat sacerdotal dans l’Église », ce qui n’est pourtant pas à l’ordre du jour du Synode, celui-ci devant seulement discuter, dans le cadre de l’adaptation des structures de l’Église aux réalités amazoniennes, de la possibilité d’ordonner des hommes mariés.
En regardant cette vidéo, il est plus facile de comprendre l’attitude du cardinal Burke

jeudi 8 août 2019

Hommage à Bernard Molter, un prêtre pas comme les autres



Bernard avait de multiples facettes. Il n’est pas possible de les évoquer toutes. En voici quelques-unes
Il y a près de 50 ans, de 1975 à 1980, Bernard était prêtre Fidei Donum en Haïti
Voici ses lettres (il suffit d’utiliser les signets, colonne de gauche, pour naviguer dans le document)
Il y a 25 ans, en 1994, Bernard a fait un rêve : Marcher pour la paix en ex-Yougoslavie
Il y a 10 ans, en 2009, Bernard est parti 3 mois sur le chemin de Compostelle
Voici le document réalisé par Yolande et Eugène, qui l’ont accompagné et ont réalisé une video
Le récit que Bernard a fait de son pèlerinage et un autre lien vers la vidéo
Il y a 5 ans, en 2014, Bernard a fait un pèlerinage à Rome
Bernard a aussi publié de nombreuses homélies
Une partie des documents proviennent de ses blogs :     Blog 1     Blog 2     Blog 3
Et voici des enregistrements audio d’hommages au cours de la messe de funérailles
Si le document ne s’affiche pas correctement, en voici une version PDF
Réalisé par Georges Heichelbech


samedi 29 juin 2019

Mais délivre-nous du mal

C’était le thème de la Nuit des Veilleurs 2019 organisé par l’ACAT, depuis 2006

Un site est dédié à cet événement

Voici une méditation sur ce thème

Et voici l’ensemble des thèmes depuis 2007

lundi 20 mai 2019

Violence dans l’Eglise, violence par l’Eglise, violence sous les yeux de l’Eglise

Tel est le titre du colloque organisé par le département de théologie pratique de la faculté de Strasbourg les 4 et 5 avril 2019.
Voici 2 des interventions

Philippe Lefebvre, théologien de l’université de Fribourg, en Suisse

Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieuses et religieux de France

samedi 18 mai 2019

Violences policières

Certaines manifestations des gilets jaunes ont mis en évidence la violence, aussi bien de la part de certains manifestants que de la part de la police. L’ONG Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) a fait toute une étude sur cette réalité. Voici quelques documents
Violences policières, les images décryptées, avec en particulier Aline Daillère, ancienne salariée de l’ACAT juriste et auteur de « L’ordre et la force », un rapport publié en 2016 par l’ACAT
Autres documents
Pour ceux qui veulent aller plus loin, cette page donne toute une série d’autres liens

vendredi 3 mai 2019

L'Europe et les élections européennes

Quand on apprend que Florian Philippot, ancien candidat aux élections municipales de Forbach, a enlevé le drapeau européen qui était à côté du drapeau français, sur le bâtiment des finances publiques de Forbach pour dénoncer les « neuf milliards d’euros qui partent en pure perte chaque année » de France vers l’Union européenne, il est temps de réagir. Comme député européen, il bénéficie largement des finances de l’Union européenne, tout en étant un des moins assidus, vu qu’il ne participe qu’à 60 % des séances du parlement. Et ne trouve absolument pas contradictoire d’être à nouveau candidat aux élections européennes.
L‘Europe est beaucoup trop importante pour qu’on la laisse à ceux qui veulent la détruire.
Le 26 mai 2019, nous sommes conviés à voter pour les élections européennes. Beaucoup de personnes sont démobilisées, soit n'ayant pas conscience d'être des citoyens européens dans le meilleur des cas, soit, avec la résurgence des nationalismes, étant hostiles à l'Europe, n'en voyant que des inconvénients et pas d'avantages.
Quelques documents

mercredi 6 mars 2019

L’Eglise catholique paye au prix fort son cléricalisme, son silence coupable et sa vision de la femme et de la sexualité

A voir et entendre les dernières révélations sur le comportement de certains membres de l’Eglise, cela donne la nausée. Et il ne s’agit pas de personnes isolées, mais de tout un système, basé sur le culte du secret et du déni. Et ce n’est que sous la pression, quand elle ne peut plus faire autrement, que l’Eglise admet, au compte goutte, certains faits et fait des déclarations d’intention, où on attend pour bon nombre leur mise en application pratique. Et ce n’est pas en appelant à la prière ou en invoquant Satan, qu’on prend la pleine mesure du problème. Elle est tellement engluée dans son fonctionnement hiérarchique et clérical, qu’on peut comprendre aisément ceux qui pensent qu’elle est incapable de se réformer. Et il n’est pas possible, pour elle, de faire du replâtrage ou de faire le dos rond en attendant que la tempête passe. Le 2 décembre 2018, la Fédération des Réseaux du Parvis avait déjà fait un communiqué dans ce sens
La pédophilie, les abus sexuels, le déni de l’homosexualité et des réalités de la manière où les prêtres vivent leur célibat, ne sont que le sommet d’un iceberg qui cache un malaise beaucoup plus profond, à savoir une vision malsaine de la femme et de la sexualité et d’une façon beaucoup plus globale le cléricalisme qui conditionne l’ensemble du fonctionnement de l’Eglise.
De multiples articles font cette analyse par exemple Danielle Hervieu Léger
Un article du Comité de la jupe Femmes ou cléricalisme, il faut choisir
Le communiqué de NSAE (Nous sommes aussi l’Eglise, pas une autre Eglise mais une Eglise autre)

Certains n’hésitent pas à parler de l’Eglise en ruine

Pour information, après les films SpotlightPédophilie dans l'Eglise, le poids du silence et Grâce à Dieu, le livre de Frédéric Martel Sodoma, le livre de Pierre Vignon, Plus jamais ça, le livre de Claire Maximova, La Tyrannie du silence, un lien vers le documentaire d’Arte « Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église »

mercredi 20 février 2019

COMMENTAIRE. Antisémitisme : haine du Juif, haine de soi

Critiquer la politique israélienne, réclamer l’application de sanctions devant le refus permanent des autorités israéliennes de respecter le droit international, exiger que les produits israéliens qui arrivent sur nos tables et dans nos magasins ne soient pas issus des colonies, tenter de faire juger les généraux israéliens coupables de crimes de guerre, dénoncer la discrimination dont sont victimes les hommes et femmes d’Israël qui ne sont pas juifs, tout cela n’a rien à voir avec l’antisémitisme. Mais cela ne signifie pas demander la disparition d'Israël.
Une vidéo qui permet de clarifier les idées
https://www.youtube.com/watch?v=Jw6yHN9mgJc
Il est possible d'être juif et antisioniste, mais bien évidemment pas antisémite
https://www.dropbox.com/s/mgqdjcedlxkxfpt/nous_sommes_juifs_et_antisionistes_18-2-19_dl.pdf?dl=0
Lire l'appel de Beauvau signé par les instances religieuses ou non qui condamne sans ambiguïté l'antisémitisme

samedi 16 février 2019

Requiem pour Tomi Ungerer, provocateur de génie

Requiem pour Tomi Ungerer, provocateur de génie - La Croix
Toni Ungerer a été un de ces êtres qui faisaient rendre gorge à notre époque bouffie de bien-pensance et saturée de conformisme. C’est dans cet état d’esprit que se situe l’hommage qui lui a été rendu ce vendredi 15 février à Strasbourg. Incroyant, d’éducation protestante, une célébration a eu lieu, en présence de 1000 personnes (le gouvernement français a brillé par son absence), à la cathédrale de Strasbourg, présidée par l’évêque et où Roger Siffer a chanté « Die Gedanken sind frei » (La liberté de pensée). Elle a été retransmise en intégralité et en direct par Fr3 Alsace
A partir de 1h 32 mn « Die Gedanken sind frei »

mardi 5 février 2019

La fraternité, antidote au fanatisme, à la violence, au rejet de celui qui est différent et du fantasme du grand remplacement

Au nom de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux, pour peupler la terre et y répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix. Au nom de l’âme humaine innocente que Dieu a interdit de tuer, affirmant que quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité et que quiconque en sauve une est comme s’il avait sauvé l’humanité entière. Au nom des pauvres, des personnes dans la misère, dans le besoin et des exclus que Dieu a commandé de secourir comme un devoir demandé à tous les hommes et, d’une manière particulière, à tout homme fortuné et aisé. Au nom des orphelins, des veuves, des réfugiés et des exilés de leurs foyers et de leurs pays ; de toutes les victimes des guerres, des persécutions et des injustices ; des faibles, de ceux qui vivent dans la peur, des prisonniers de guerre et des torturés en toute partie du monde, sans aucune distinction. Au nom des peuples qui ont perdu la sécurité, la paix et la coexistence commune, devenant victimes des destructions, des ruines et des guerres.
Au nom de la « fraternité humaine » qui embrasse tous les hommes, les unit et les rend égaux. Au nom de cette fraternité déchirée par les politiques d’intégrisme et de division, et par les systèmes de profit effréné et par les tendances idéologiques haineuses, qui manipulent les actions et les destins des hommes. Au nom de la liberté, que Dieu a donnée à tous les êtres humains, les créant libres et les distinguant par elle. Au nom de la justice et de la miséricorde, fondements de la prospérité et pivots de la foi. Au nom de toutes les personnes de bonne volonté, présentes dans toutes les régions de la terre. Au nom de Dieu et de tout cela, Al-Azhar al-Sharif – avec les musulmans d’Orient et d’Occident –, conjointement avec l’Eglise catholique – avec les catholiques d’Orient et d’Occident –, déclarent adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère.
Nous – croyants en Dieu, dans la rencontre finale avec Lui et dans Son Jugement –, partant de notre responsabilité religieuse et morale, et par ce Document, nous demandons à nous-mêmes et aux Leaders du monde, aux artisans de la politique internationale et de l’économie mondiale, de s’engager sérieusement pour répandre la culture de la tolérance, de la coexistence et de la paix ; d’intervenir, dès que possible, pour arrêter l’effusion de sang innocent, et de mettre fin aux guerres, aux conflits, à la dégradation environnementale et au déclin culturel et moral que le monde vit actuellement. Nous nous adressons aux intellectuels, aux philosophes, aux hommes de religion, aux artistes, aux opérateurs des médias et aux hommes de culture en toute partie du monde, afin qu’ils retrouvent les valeurs de la paix, de la justice, du bien, de la beauté, de la fraternité humaine et de la coexistence commune, pour confirmer l’importance de ces valeurs comme ancre de salut pour tous et chercher à les répandre partout.
Cette Déclaration, partant d’une réflexion profonde sur notre réalité contemporaine, appréciant ses réussites et partageant ses souffrances, ses malheurs et ses calamités, croit fermement que parmi les causes les plus importantes de la crise du monde moderne se trouvent une conscience humaine anesthésiée et l’éloignement des valeurs religieuses, ainsi que la prépondérance de l’individualisme et des philosophies matérialistes qui divinisent l’homme et mettent les valeurs mondaines et matérielles à la place des principes suprêmes et transcendants. Nous, reconnaissant aussi les pas positifs que notre civilisation moderne a accomplis dans les domaines de la science, de la technologie, de la médecine, de l’industrie et du bien-être, en particulier dans les pays développés, nous soulignons que, avec ces progrès historiques, grands et appréciés, se vérifient une détérioration de l’éthique, qui conditionne l’agir international, et un affaiblissement des valeurs spirituelles et du sens de la responsabilité. Tout cela contribue à répandre un sentiment général de frustration, de solitude et de désespoir, conduisant beaucoup à tomber dans le tourbillon de l’extrémisme athée et agnostique, ou bien dans l’intégrisme religieux, dans l’extrémisme et dans le fondamentalisme aveugle, poussant ainsi d’autres personnes à céder à des formes de dépendance et d’autodestruction individuelle et collective.
L’histoire affirme que l’extrémisme religieux et national, ainsi que l’intolérance, ont produit dans le monde, aussi bien en Occident qu’en Orient, ce que l’on pourrait appeler les signaux d’une « troisième guerre mondiale par morceaux », signaux qui, en diverses parties du monde et en diverses conditions tragiques, ont commencé à montrer leur visage cruel ; situations dont on ne connaît pas avec précision combien de victimes, de veuves et d’orphelins elles ont générés. En outre, il y a d’autres régions qui se préparent à devenir le théâtre de nouveaux conflits, où naissent des foyers de tension et s’accumulent des armes et des munitions, dans une situation mondiale dominée par l’incertitude, par la déception et par la peur de l’avenir et contrôlée par des intérêts économiques aveugles.
Nous affirmons aussi que les fortes crises politiques, l’injustice et l’absence d’une distribution équitable des ressources naturelles – dont bénéficie seulement une minorité de riches, au détriment de la majorité des peuples de la terre – ont provoqué, et continuent à le faire, d’énormes quantité de malades, de personnes dans le besoin et de morts, causant des crises létales dont sont victimes divers pays, malgré les richesses naturelles et les ressources des jeunes générations qui les caractérisent. A l’égard de ces crises qui laissent mourir de faim des millions d’enfants, déjà réduits à des squelettes humains – en raison de la pauvreté et de la faim –, règne un silence international inacceptable. Il apparaît clairement à ce propos combien la famille est essentielle, en tant que noyau fondamental de la société et de l’humanité, pour donner le jour à des enfants, les élever, les éduquer, leur fournir une solide morale et la protection familiale. Attaquer l’institution familiale, en la méprisant ou en doutant de l’importance de son rôle, représente l’un des maux les plus dangereux de notre époque. Nous témoignons aussi de l’importance du réveil du sens religieux et de la nécessité de le raviver dans les cœurs des nouvelles générations, par l’éducation saine et l’adhésion aux valeurs morales et aux justes enseignements religieux, pour faire face aux tendances individualistes, égoïstes, conflictuelles, au radicalisme et à l’extrémisme aveugle sous toutes ses formes et ses manifestations.
Le premier et le plus important objectif des religions est celui de croire en Dieu, de l’honorer et d’appeler tous les hommes à croire que cet univers dépend d’un Dieu qui le gouverne, qu’il est le Créateur qui nous a modelés avec Sa Sagesse divine et nous a accordé le don de la vie pour le préserver. Un don que personne n’a le droit d’enlever, de menacer ou de manipuler à son gré ; au contraire, tous doivent préserver ce don de la vie depuis son commencement jusqu’à sa mort naturelle. C’est pourquoi nous condamnons toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes, les déplacements forcés, le trafic d’organes humains, l’avortement et l’euthanasie et les politiques qui soutiennent tout cela.
De même nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang. Ces malheurs sont le fruit de la déviation des enseignements religieux, de l’usage politique des religions et aussi des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – de l’influence du sentiment religieux sur les cœurs des hommes pour les conduire à accomplir ce qui n’a rien à voir avec la vérité de la religion, à des fins politiques et économiques mondaines et aveugles. C’est pourquoi nous demandons à tous de cesser d’instrumentaliser les religions pour inciter à la haine, à la violence, à l’extrémisme et au fanatisme aveugle et de cesser d’utiliser le nom de Dieu pour justifier des actes d’homicide, d’exil, de terrorisme et d’oppression. Nous le demandons par notre foi commune en Dieu, qui n’a pas créé les hommes pour être tués ou pour s’affronter entre eux et ni non plus pour être torturés ou humiliés dans leurs vies et dans leurs existences. En effet, Dieu, le Tout-Puissant, n’a besoin d’être défendu par personne et ne veut pas que Son nom soit utilisé pour terroriser les gens.
Ce Document, en accord avec les précédents Documents Internationaux qui ont souligné l’importance du rôle des religions dans la construction de la paix mondiale, certifie ce qui suit :
• La forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune ; à rétablir la sagesse, la justice et la charité et à réveiller le sens de la religiosité chez les jeunes, pour défendre les nouvelles générations de la domination de la pensée matérialiste, du danger des politiques de l’avidité du profit effréné et de l’indifférence, basée sur la loi de la force et non sur la force de la loi.
• La liberté est un droit de toute personne : chacune jouit de la liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action. Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. C’est pourquoi on condamne le fait de contraindre les gens à adhérer à une certaine religion ou à une certaine culture, comme aussi le fait d’imposer un style de civilisation que les autres n’acceptent pas.
• La justice basée sur la miséricorde est le chemin à parcourir pour atteindre une vie décente à laquelle a droit tout être humain.
• Le dialogue, la compréhension, la diffusion de la culture de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et de la coexistence entre les êtres humains contribueraient notablement à réduire de nombreux problèmes économiques, sociaux, politiques et environnementaux qui assaillent une grande partie du genre humain.
• Le dialogue entre les croyants consiste à se rencontrer dans l’énorme espace des valeurs spirituelles, humaines et sociales communes, et à investir cela dans la diffusion des plus hautes vertus morales, réclamées par les religions ; il consiste aussi à éviter les discussions inutiles.
• La protection des lieux de culte – temples, églises et mosquées – est un devoir garanti par les religions, par les valeurs humaines, par les lois et par les conventions internationales. Toute tentative d’attaquer les lieux de culte ou de les menacer par des attentats, des explosions ou des démolitions est une déviation des enseignements des religions, ainsi qu’une claire violation du droit international.
• Le terrorisme détestable qui menace la sécurité des personnes, aussi bien en Orient qu’en Occident, au Nord ou au Sud, répandant panique, terreur ou pessimisme n’est pas dû à la religion – même si les terroristes l’instrumentalisent – mais est dû à l’accumulation d’interprétations erronées des textes religieux, aux politiques de faim, de pauvreté, d’injustice, d’oppression, d’arrogance ; pour cela, il est nécessaire d’interrompre le soutien aux mouvements terroristes par la fourniture d’argent, d’armes, de plans ou de justifications, ainsi que par la couverture médiatique, et de considérer tout cela comme des crimes internationaux qui menacent la sécurité et la paix mondiale. Il faut condamner ce terrorisme sous toutes ses formes et ses manifestations.
• Le concept de citoyenneté se base sur l’égalité des droits et des devoirs à l’ombre de laquelle tous jouissent de la justice. C’est pourquoi il est nécessaire de s’engager à établir dans nos sociétés le concept de la pleine citoyenneté et à renoncer à l’usage discriminatoire du terme minorités, qui porte avec lui les germes du sentiment d’isolement et de l’infériorité ; il prépare le terrain aux hostilités et à la discorde et prive certains citoyens des conquêtes et des droits religieux et civils, en les discriminant.
• La relation entre Occident et Orient est une indiscutable et réciproque nécessité, qui ne peut pas être substituée ni non plus délaissée, afin que tous les deux puissent s’enrichir réciproquement de la civilisation de l’autre, par l’échange et le dialogue des cultures. L’Occident pourrait trouver dans la civilisation de l’Orient des remèdes pour certaines de ses maladies spirituelles et religieuses causées par la domination du matérialisme. Et l’Orient pourrait trouver dans la civilisation de l’Occident beaucoup d’éléments qui pourraient l’aider à se sauver de la faiblesse, de la division, du conflit et du déclin scientifique, technique et culturel. Il est important de prêter attention aux différences religieuses, culturelles et historiques qui sont une composante essentielle dans la formation de la personnalité, de la culture et de la civilisation orientale ; et il est important de consolider les droits humains généraux et communs, pour contribuer à garantir une vie digne pour tous les hommes en Orient et en Occident, en évitant l’usage de la politique de la double mesure.
• C’est une nécessité indispensable de reconnaître le droit de la femme à l’instruction, au travail, à l’exercice de ses droits politiques. En outre, on doit travailler à la libérer des pressions historiques et sociales contraires aux principes de sa foi et de sa dignité. Il est aussi nécessaire de la protéger de l’exploitation sexuelle et du fait de la traiter comme une marchandise ou un moyen de plaisir ou de profit économique. Pour cela, on doit cesser toutes les pratiques inhumaines et les coutumes courantes qui humilient la dignité de la femme et travailler à modifier les lois qui empêchent les femmes de jouir pleinement de leurs droits.
• La défense des droits fondamentaux des enfants à grandir dans un milieu familial, à l’alimentation, à l’éducation et à l’assistance est un devoir de la famille et de la société. Ces droits doivent être garantis et préservés, afin qu’ils ne manquent pas ni ne soient refusés à aucun enfant, en aucun endroit du monde. Il faut condamner toute pratique qui viole la dignité des enfants et leurs droits. Il est aussi important de veiller aux dangers auxquels ils sont exposés – spécialement dans le domaine digital – et de considérer comme un crime le trafic de leur innocence et toute violation de leur enfance.
• La protection des droits des personnes âgées, des faibles, des handicapés et des opprimés est une exigence religieuse et sociale qui doit être garantie et protégée par des législations rigoureuses et l’application des conventions internationales à cet égard.
A cette fin, l’Église catholique et Al-Azhar, par leur coopération commune, déclarent et promettent de porter ce Document aux Autorités, aux Leaders influents, aux hommes de religion du monde entier, aux organisations régionales et internationales compétentes, aux organisations de la société civile, aux institutions religieuses et aux Leaders de la pensée ; et de s’engager à la diffusion des principes de cette Déclaration à tous les niveaux régionaux et internationaux, en préconisant de les traduire en politiques, en décisions, en textes législatifs, en programmes d’étude et matériaux de communication.
Al-Azhar et l’Église Catholique demandent que ce Document devienne objet de recherche et de réflexion dans toutes les écoles, dans les universités et dans les instituts d’éducation et de formation, afin de contribuer à créer de nouvelles générations qui portent le bien et la paix et défendent partout le droit des opprimés et des derniers.
En conclusion nous souhaitons que : cette Déclaration soit une invitation à la réconciliation et à la fraternité entre tous les croyants, ainsi qu’entre les croyants et les non croyants, et entre toutes les personnes de bonne volonté ; soit un appel à toute conscience vivante qui rejette la violence aberrante et l’extrémisme aveugle ; appel à qui aime les valeurs de tolérance et de fraternité, promues et encouragées par les religions ; soit un témoignage de la grandeur de la foi en Dieu qui unit les cœurs divisés et élève l’esprit humain ; soit un symbole de l’accolade entre Orient et Occident, entre Nord et Sud, et entre tous ceux qui croient que Dieu nous a créés pour nous connaître, pour coopérer entre nous et pour vivre comme des frères qui s’aiment. Ceci est ce que nous espérons et cherchons à réaliser, dans le but d’atteindre une paix universelle dont puissent jouir tous les hommes en cette vie.
Abou Dhabi, le 4 février 2019
Sa Sainteté Pape François
Grand Imam d’Al-Azhar Ahmed Al Tayeb

Et voici toute une série de documents sur la fraternité