Chers amis, de la
Fédération des Réseaux du Parvis
« Dis-moi combien pèse un flocon
de neige ? » demande la mésange charbonnière à la colombe. « Rien d’autre que
rien » fut la réponse. Et la mésange
raconta alors à la colombe une histoire : « j’étais sur la branche d’un sapin
quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement,
sans violence. Comme je n’avais rien de mieux à faire, je commençais à compter
les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3 751
952. Lorsque le 3 751 953e tomba sur la branche – rien d’autre que rien, comme
tu l’as dit – celle-ci cassa. » Sur ce, la mésange s’envola. La colombe, une
autorité en matière de paix depuis l’époque d’un certain Noé, réfléchit un
moment et se dit finalement :
«Peut-être ne manque-t-il qu’une personne pour que tout bascule et que
le monde vive en paix.... »
Cette petite histoire la plupart
d’entre vous la connaissent, mais j’aime souvent la reprendre. Lorsque nous
contemplons le monde qui est autour de nous, nous avons tendance à nous placer
en observateur, avec nos idées et nos préjugés, sans toujours réaliser que nous
faisons partie de ce monde et que ce 3 751 953e flocon de
neige peut être nous. Suivant notre vécu, les joies et les peines qui sont les
nôtres, nous mettons des lunettes roses ou des lunettes noires et c’est avec ce
filtre que nous analysons ce qui se passe autour de nous, et si nous avons
compris que nous n’existons qu’au travers de nos relations, nous acceptons de
faire partie du camp des gentils et nous vilipendons le camp des méchants, car
il va de soi que nous sommes des gentils. Nous faisons partie d’un certain
nombre de communautés mais les autres font du communautarisme. Nous aimerions
partager nos bonnes idées, mais les autres font du prosélytisme. Nous aimerions
partager ce que nous sommes, mais les autres font de la crispation identitaire.
Nous aimerions partager nos raisons de vivre, mais les autres sont endoctrinés.
Nous aimerions bien nous ouvrir et dialoguer, mais les autres ne voient que
leurs intérêts immédiats et refusent tout dialogue. Sur les réseaux sociaux,
nous recherchons nos lointains semblables mais nous ignorons nos proches différents.
Bref, nous voudrions, mais les autres ne veulent pas. Nous voudrions que les
autres changent, mais nous ne voyons souvent même pas l’ombre d’un soupçon que
nous pourrions aussi changer. Bref, pour faire bouger le monde, commençons par
nous bouger nous-même.
J’aime bien la parole du pape
François :« Tu peux parler de la paix avec des paroles splendides, faire
une grande conférence. Mais si dans ta petitesse, dans ton cœur, il n’y a pas
de paix, si dans ta famille il n’y a pas de paix, si dans ton quartier il n’y a
pas de paix, si dans ton poste de travail il n’y a pas de paix, il n’y en aura
pas non plus dans le monde » Et l’on pourrait reprendre cette même phrase avec
des mots comme respect, dialogue, accueil, partage, tolérance, justice,
liberté, égalité, fraternité, solidarité, sortir de la spirale de la violence,
refuser les stratégies de haine, comme cela sera développé dans le dossier de
la Revue Parvis du mois prochain, amour, espérance.
Une des convictions qui cimentent
les différentes associations de Parvis est « Priorité à l’humain et aux
chemins d’humanisation » Oui, humanisons le monde, mais cela commence par
s’humaniser soi-même. Parfois le découragement nous habite et nous nous
disons : « Le monde va tellement mal que nous n’arriverons plus à le
changer » Mais ce n’est pas parce qu’on ne peut pas tout faire qu’il ne
faut rien faire. Reprenons à notre compte la question qui a été posée au
prophète Isaïe (21, 11) : « Veilleur, où en est la nuit ? », et soyons
conscients d’être des sentinelles qui peuvent regarder la nuit sans effroi,
parce qu’au fond de nous-mêmes, il y a assez de lumière pour ne pas douter de
l’existence du matin. N’est-ce pas le 3 751 953e flocon de
neige qui a fait craquer la branche ?
C’est au 4ème siècle que l’Eglise
étouffa la fête païenne du solstice d’hiver en l’appelant jour de Noël. Les «
païens » ont rendu à l’Église la monnaie de sa pièce en étouffant la fête
chrétienne qui est devenue partout dans le monde la fête de l’argent, du
commerce inutile, du gueuleton et de la mièvrerie, ersatz de l’amour qui
s’adresse aux tripes mais ni au cœur ni à la tête. Cependant, comme nous
l’avons dit lors de notre assemblée générale : « Heureux naufrage,
pour un évangile re-suscité » Certains disent : Jésus revient ? Eh non il est toujours là ! Mais il a
mis l’homme au centre et pas la religion.
Tel est le message que je
souhaiterais nous partager au moment du passage vers la nouvelle année, au nom
du bureau de la Fédération des Réseaux du Parvis.
Votre président, Georges Heichelbech